« Il ne faut pas politiser le sport » affirme Emmanuel Macron. Chiche ?

La première Coupe du monde de football jamais organisée dans le monde arabe a débutée hier. C’est le début de la compétition sportive mais sûrement pas la fin des polémiques. Parmi les nombreux sujets de controverses liés à la tenue de cet événement en raison de son coût climatique, des critiques sur les conditions de vie des travailleurs locaux et la place des femmes et des minorités LGBT au Qatar, une déclaration de notre Président de la République a raisonné en moi, jeudi dernier. Dans le cadre d’une conférence de presse donnée à Bangkok lors du sommet Asie Pacifique, Emmanuel Macron a déclaré, je cite : « Il ne faut pas politiser le sport. » « Ces questions-là, il faut se les poser quand on attribue l’événement. »

À première vue, on ne peut qu’être d’accord. C’est un peu tard pour pousser des cris d’orfraie, sachant que le choix de la FIFA de confier l’organisation de la Coupe du monde de football au Qatar date de 2010 ! Mais mon approbation s’arrête là.
Sur le fond, je trouve que notre président fait (une fois de plus) preuve d’un cynisme qui n’a d’égale que son talent à affirmer constamment tout et son contraire.

Il ne faudrait donc pas « politiser le sport » selon lui. La bonne blague ! Ou alors, devons-nous peut-être comprendre à l’aune de sa « pensée complexe » : « Le sport ne doit pas être politisé, sauf par moi. » ?

Cher lecteur, rappelle-toi de 2018 et du sacre des bleus en Russie. Rappelle-toi du pataquès de la descente des Champs façon TGV du car de l’équipe de France. N’était-ce pas là une sorte de hold-up médiatique orchestré par l’Élysée pour servir l’image du couple présidentiel posant avec les champions du monde sur le perron du « Château », pile poil pour l’ouverture du journal télévisé ?

Rappelle-toi des séquences off savamment distillées aux médias lors de la campagne présidentielle de 2017, où on voyait le candidat Macron, dans son QG de campagne, pester sur son smartphone en découvrant un push de L’Équipe annonçant une défaite de l’OM en championnat.

Rappelle-toi aussi du Président buteur sur pénalty lors d’un match de bienfaisance avec le Variété Club de France. Enfin, rappelle-toi de la communication forcément politique autour de l’attribution par le CIO, des Jeux Olympiques à la ville de Paris. N’a-t-on pas vu tourner en boucle sur les chaînes info, nos hommes et femmes politiques, en faire des tonnes sur leur soi-disant amour du sport. Un bon moyen de masquer, selon moi, l’incurie historique des pouvoirs publiques à bâtir en profondeur, des politiques efficaces en la matière. D’ailleurs, les acteurs du sport français ne sont pas dupes, des présidents de fédérations aux athlètes, en passant par les entraîneurs, tous savent quel degré de volonté et d’abnégation il faut pour atteindre leurs objectifs. On peut même affirmer que, vu les moyens alloués au sport en France, nos résultats sont franchement très bons. Voir parmi les meilleurs du monde ! En synthèse, je pense que s’il y’a un seul cas où le sport français devrait être « beaucoup plus politisé », c’est bien au niveau des financements.

Pour le reste, j’aimerais qu’on lâche la grappe aux champions. Qu’on cesse de vouloir en faire les hommes sandwichs de toutes les causes sociétales du monde !

C’est trop facile de leur reprocher leur manque d’engagement, surtout quand leurs opinions ne vont pas dans le sens du vent. Qu’a pris Christophe Galtier avec l’épisode dit du « char à voile » et de la polémique sur le coût écologique des déplacements en jet privé du PSG ! Pitoyable emballement politico-médiatique autour d’une petite phrase ou plutôt d’une question cyniquement posée par un journaliste en quête de buzz. Que dire également des joueurs sommés de mettre un genou à terre avant les matchs, tantôt pour des questions raciales, tantôt pour répondre aux injonctions des lobbys de tous poils. Et gare à ceux qui se dresseraient contre la volonté de la doxa ambiante.

Le monde marche sur la tête, alors ne nous étonnons plus de l’absence de prises de positions des champions. Laissons-les nous offrir ce pourquoi ils sont là, car c’est déjà beaucoup.

Je pense que le sport est un formidable unificateur humain. Pour qui a chaussé des crampons un jour dans sa vie, pour qui a connu le secret d’un vestiaire, et l’union des individus au service d’un collectif, celui-là sait que seul le sport, par les valeurs et l’humanité qu’il porte, a le pouvoir de gommer les différences d’origines sociales, de couleur de peau, de religion. Les cyniques diront que ça ne dure souvent que le temps d’un match. Je leur répondrais : « Peut-être. Mais c’est déjà ça. »

En conclusion de ce texte, je reviendrais une dernière fois sur mon propos de départ et la volonté exprimée par notre Président de ne pas politiser le sport, en le mettant au défi d’être en cohérence (pour une fois) avec ses propos.

Le 18 décembre prochain, si nos bleus venaient à remporter la Coupe du monde pour la troisième fois, s’il vous plait Monsieur le Président, tenez-vous à l’écart. Car ça sera leur victoire. Pas la vôtre.    

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